JEFF HEALEY: Holding On (2017)


Voilà neuf ans que le génial guitariste nous a quitté. Neuf ans déjà ! Et les productions posthumes continuent de pleuvoir. Cette démarche, certains pourraient la qualifier de bassement mercantile, mais elle nous prouve en même temps que Jeff Healey appartenait bien à cette race d’artistes intemporels que l’on vénère encore longtemps après leur mort. Ce disque propose des titres inédits enregistrés durant les sessions de « Heal my soul » (le fameux « album perdu » paru l’année dernière) mais aussi un show datant de 1999. Pas de frayeur inutile en ce qui concerne les prises réalisées en studio. Il ne s’agit pas de démos mal dégrossies ou de chutes de bandes mais de chansons bel et bien terminées. Comme d’habitude, Jeff est au sommet de son art et excelle dans les différents styles qui ont fait son succès : le morceau qui cartonne (« Love takes time »), la ballade pop/rock (« Dancing with the monsters »), le blues-rock classieux (« All that I believe », pourvu d’un thème puissant mais profondément mélodique et d’un solo magnifique) et le titre instrumental (le blues « CNIBlues » avec seulement une six-cordes rythmique et une guitare solo). Un sens ahurissant de la mélodie mêlé à un jeu diaboliquement habile. Du grand Jeff Healey ! Le show date du 18 juillet 1999 et a été enregistré à Oslo en Norvège. Á cette époque, Jeff se produisait avec un second guitariste, Pat Rush. Cela n’altère en rien la performance du musicien qui, comme bon nombre d’artistes talentueux, ne donnait sa pleine mesure qu’en concert. Et là encore, nous ne sommes pas déçus. Entre autres, nous avons droit à un fougueux « My little girl », une reprise speedée de « Dust my broom » (avec Pat Rush à la slide) et une superbe version de « How blue can you get » (popularisé par le grand BB King). « I think I love you too much » et « Stuck in the middle with you » valent également leur pesant d’or. Et que dire du sublime “Macon Georgia blue” qui tirerait des larmes à un tueur à gages? Et puis, le splendide « See the light », titre avec lequel Jeff terminait ses prestations. Une guitare déchirante à couper le souffle ! Une technique monstrueuse alliée à un feeling extraordinaire ! Et ce son de folie, immédiatement reconnaissable ! Souhaitons que d’autres trésors cachés du grand Jeff soient exhumés pour le bonheur de nos oreilles. Bien que physiquement plongé dans le noir, il possédait un style lumineux dans tous les sens du terme. Ceux qui ont eu l’énorme chance d’assister à l’un de ses concerts comprendront aisément cette affirmation. Jeff Healey nous a guidés vers la lumière et cette lumière continuera de briller encore longtemps !
Olivier Aubry